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Exposition de peintures d’Isabelle Rousseau

Les forêts le soir font du bruit en mangeant
Exposition à l’Atelier, Royère de Vassivière, du 6 juin au 15 juillet 2024

« Parfois, me reposant à l’ombre d’un arbre après le travail, je me laisse aller à cette demi-perte de conscience qui confond terre et ciel. Je pense aux feuillages-racines qui boivent avides dans le ciel, et aux racines, merveilleuses ramures qui vibrent de plaisir sous la terre. » Fernand Lequenne, Plantes sauvages

La série « Les forêts le soir font du bruit en mangeant » fut entamée au printemps 2020 et s’est poursuivie jusqu’à l’automne 2021.
Pendant cette période sombre, inquiète, les promenades en forêt furent fréquentes.
Ces peintures, regroupées sous un titre emprunté à un poème d’Eugène Guillevic (1907-1997) ont été exposées en 2022 à l’Erba d’Agram, à Saint-Martin-Château, à l’initiative de l’association La Broussaille. Nous en proposons aujourd’hui un nouvel accrochage, dans lequel des œuvres inédites apportent un nouvel éclairage.

Dans ses peintures comme dans ses installations, Isabelle Rousseau travaille le geste, l’attention à l’instant et aux circonstances, la lumière et les entrelacs. Formée aux Beaux Arts de Paris et au TNS de Strasbourg, elle alterne les expositions personnelles ou collectives avec des travaux pour le théâtre et le cinéma, comme scénographe, costumière, peintre, co-créatrice de spectacles…. Installée en Creuse depuis plus de 20 ans, elle mène aujourd’hui sa recherche artistique en parallèle de l’enseignement du Qigong.

Je m’intéresse à ce qui vient par hasard, par erreur, par maladresse. Je souhaite inclure les aléas et les rencontres avec ce qui est là autour, à l’instant. C’est un faire ordinaire qui n’advient pas sans mon attention. Cela m’invite à habiter chaque geste, à aimer chaque fois le geste. Mais il s’agit plutôt d’assister à un surgissement sans m’y accrocher ni le diriger. Une mise en jeu un temps de plusieurs « ingrédients », pour ce temps-là et pas au-delà.
En de multiples passages, je dépose sur la surface des flaques d’encre de Chine et d’acrylique blanche. J’opère debout mes mouvements sont tranquilles, brefs, lents ou vifs. Parfois je secoue et frappe. Ni outils ni main ne sont engagées mais les deux mains, les deux bras, le tronc et les jambes en fait tout le corps y est. Il soulève les panneaux, les secoue, les fait rouler au sol, tournoyer en l’air. Non pas que je considère que peindre doit être une danse mais par ce truchement du corps sans outil (sans terminaison directive pourrai-je dire) je ne suis pas seule maître à bord. Je suis encline à considérer le lisse du panneau de bois, la viscosité de l’encre de Chine, les temps de séchage, les trouvailles aléatoires des liquides qui se répandent selon leur loi… comme autant d’interlocuteurs à qui est donné le droit de causer à la même hauteur que moi. Quand aux fruits picturaux que cela donne, je peux, après coup, en les regardant avec recul, découvrir les brèches nouvelles et inattendues surgies de l’ouvrage (ce qui fait ma joie) ou en reconnaître les limites. Ces protocoles de « jeu » sont posés au départ de chacune des séries que j’entreprends. Ce que je recherche c’est le fécond de ce dialogue plutôt que le surgissement de ma propre voix.

Isabellerousseau.net

Du 6 juin au 15 juillet à l’Atelier, à Royère de Vassivière
Entrée libre